L'Impact de la Violence domestique sur les familles et les communautés au Rwanda : une étude exploratoire

En date du 22/12/2021, l'Association Modeste et Innocent (AMI) et la Rwanda Psychological Society (RPS), en partenariat ave le National Forum Against the Domestic Violence (NFADV)-Turihashye, ont organisé un atelier dont l'objectif était de partager les résultat d'une étude exploratoire sur l'importance de la violence domestique au Rwanda.

 

RESUME SOMMAIRE DE L'ETUDE

Introduction

Les violences domestiques s’avèrent endémiques tant au niveau mondial et au Rwanda. Les dif- férents rapports de recherche et d’évaluation des projets révèlent des chiffres inquiétants des femmes victimes de la violence domestique, la violence basée sur le genre et la violence conju- gale. Contrairement à ce qui était cru par le passé, la violence domestique ne touche plus seulement les femmes ; les hommes et les enfants en sont aussi des victimes directes et/ou indirectes. En plus de données descriptives de la prévalence de la violence domestique, il est désormais connu que la violence domestique, la violence basée sur le genre, et la violence conjugale comportent des conséquences qui touchent la santé (physique et mentale) et le développement socio-économique de la famille et de la communautéé. L’objectif générale de cette étude était principalement de dé- crire la magnitude et l’impact de la violence do- mestique sur les individus et les communautés au Rwanda.

Méthodologie

La méthodologie utilisée dans la collecte des données inclut une revue de la littérature existante sur la violence domestique, une exploration des banques de données des études démographiques (ex. Rwanda Demographic Health Survey) et des entretiens de groupes ciblés (Focused Group Dis- cussions). En plus de données quantitatives issues des rapports obtenus, 209 individus, dont 91 couples ont participé à des entretiens de groupe, soit en couple, soit individuellement ; tous confrontés à la violence domestique et la violence de couple.

Résultats

Les résultats montrent qu’au moins quatre femmes sur 10 et deux hommes sur 10 âgés de 15 à 49 ans déclarent avoir subi une violence émotionnelle, physique ou sexuelle d’un conjoint (EDSR, 2015). Les conséquences touchent la santé physique, la santé mentale, le fonctionnement du ménage, l’éducation des enfants, la sérénité et la sécurité de la famille. Au même moment, il a été constaté que les facteurs de risque et les facteurs précipitant la violence domestique et la violence conjugale sont multiformes et interagissent simultanément. Il est aussi constaté que la violence domestique et la violence conjugale conduisent à la séparation des couples, soit 18,1% de mariages concluent en 2019 ont divorcé. L’analyse des stratégies et politiques en place au Rwanda montrent un accent mis sur la promotion de la femme et l’égalité de sexes comme stratégie de prévention de la violence domestique, la violence basée sur le genre et la violence de couple. En dépit de ces stratégies et politiques nationales, les statistiques de cas de violence domestique augmentent de manière exponentielle. Cette réalité constitue un appel à des efforts conjoints pour endiguer le mal de la violence domestique.

Conclusion et recommandation

Cette étude a montré en quoi la violence domestique est un problème de santé publique et mérite désormais une attention particulière et par voie de conséquence des stratégies appropriées. Ayant constaté que les causes et les facteurs de risque de la violence domestique sont multiples et les conséquences complexes, il convient d’envisager de modes d’intervention qui vont au-delà des mesures punitives que prévoient les lois et autres politiques établies.

En plus de lois poursuivant les présumés coupables d’avoir commis la violence domestique et la violence basée sur le genre, il convient d’envisager un modèle intégral et holistique incluant l’éducation et la prise en charge psychosociale des victimes directes et indirectes (par exemple les enfants) de la violence domestique et la violence conjugale. Pour y parvenir, une coordination des initiatives et programmes visant la prévention et la gestion de la violence domestique et la violence conjugale est vivement recommandée. De plus, les données disponibles sont en faveur d’une approche psychosociale dans la prevention de la violence domestique et la gestion des consé- quences psychologiques associées à la violence.